La vie est un caravansérail de Emine Sevgi Ozdamar

La vie est un caravansérail de Emine Sevgi Ozdamar
(Das Leben ist eine Karavanserei)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Moyen Orient

Critiqué par Voiz'art, le 30 avril 2024 (Inscrit le 26 février 2022, 53 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 194 

Un caravansérail truculent

Voilà un roman poétique et truculent tout à la fois, dont les phrases semblent sorties d'un conte moderne où chaque expression sort tout droit d'un passé ancestral.
Ecrit à la première personne, ce livre baroque qui emprunte son titre à un proverbe derviche raconte avec une drôlerie vivifiante les premières années d'une jeune Turque, née juste après la Seconde Guerre mondiale. Il commence dans un train et dans le ventre maternel et s'achève dix-neuf ans plus tard dans un autre train qui emmène l'héroïne en Allemagne. Entre deux se déroule un long tapis fait de motifs bigarrés. Ce sont des villes avec leurs ruelles, leurs maisons de bois ou de pierre : Istanbul, Bursa, Ankara, car la famille déménage souvent pour fuir les créanciers du père. Ce sont la mère, la grand-mère, les voisines, les folles et les prostituées, figures d'un monde où les femmes sont très libres entre elles, mais risquent encore d'être mariées à treize ans. C'est Atatürk qui côtoie " Hymprey Pokart ", l'aspirine qui concurrence les formules des guérisseurs. Ce sont les innombrables morts pour qui prie l'héroïne. Ce sont encore et surtout les mots : " mots images " que la grand-mère tire du Coran, mots de tous les jours, comptines, chansons. Ils habitent le récit autant que les personnages et forment un long cortège d'expressions originales qui accompagne longtemps le lecteur.
En voici un extrait pour en montrer le ton truculent :
« Les autos s'invectivaient, les chevaux invectivaient les autos, le tramway invectivait les ânes, les ânes invectivaient les autos. La rue empoussiérait les tombes des saints hommes auxquels les femmes apportaient des bougies dans leurs mains. Les pierres tombales qui bordaient la rue regardaient cette rue devenue trop bruyante qui privait les morts de leur repos. Au théâtre d'ombres il y a des juifs, des Grecs, des Arméniens, des voyous, des putes, chacun parle un dialecte différent, chacun est un instrument de musique différent qui parle sa langue et ne comprend pas les autres, chacun fait tin tin tin pour soi. »

VOIZ'ART

Message de la modération : Fortement inspiré de la présentation éditeur

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